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Libérons les enfants !

Mes filles ont 17 ans et 14 ans. Elles ne sont jamais allées à l’école jusqu’en septembre 2023 où elles ont choisi de tenter l’expérience et de découvrir cet univers. 

Le deuxième trimestre venant de se terminer pour les classes de seconde, ma fille ainée est revenue un soir de cette semaine avec ses appréciations pour ce deuxième trimestre. Elle a eu d’excellentes appréciations et surtout des éloges car, selon le retour de sa déléguée de classe qui lui a fait un compte-rendu du conseil de classe, tous ses profs sont surpris et même “choqués”, selon ses propres mots, qu’elle ait d’aussi bons résultats “alors qu’elle n’est jamais allée à l’école”. 

Ma première réaction a été d’éclater de rire. J’ai ri car je suis toujours navrée d’entendre encore aujourd’hui ce genre de remarque si naïves.  J’ai ri aussi car je dois avouer que mon côté provoc’ et un brin révolutionnaire aime jeter ce genre de pavé dans la mare (pour me marrer 😉 !) et ainsi choquer, effectivement, et du coup faire bouger un minimum les consciences sur ce sujet de l’instruction en famille qui ne devrait plus, d’après moi, être aussi ignoré et peu connu de l’Education Nationale et plus largement de la population en général. Mais visiblement, l’instruction en famille est toujours un monde à part, inconnu. 

Un monde inconnu et surtout plein de préjugés de la part de ceux qui ne s’y intéressent pas. Comme celui-ci, donc … : “les enfants qui ne vont pas à l’école ont la tête vide, ils ne connaissent rien, n’apprennent rien, sont incultes et n’arriveront à rien dans la vie. Et s’ils décident finalement d’aller à l’école, ils seront à la ramasse, ne pourront jamais rattraper leur retard, seront en grandes difficultés scolaires”. 

Dans tous les cas, ils sont perdus …. 

Ma deuxième réaction a donc été de ressentir de l’agacement et de la colère. 

Je suis en colère contre ce système scolaire. Je suis en colère contre notre société. Je suis en colère qu’aujourd’hui encore, avec tout le recul qu’on a sur l’instruction en famille – surtout dans les pays anglo-saxons c’est vrai, pas en France hélas – nous ayons si peu pris connaissance et pris du recul sur les apprentissages autonomes / apprentissages auto-gérés / unschooling que nous retrouvons majoritairement dans les pédagogies choisies par les familles qui ne scolarisent pas leurs enfants et malgré le nombre – assez – importants d’études pertinentes sur ces sujets.

En fait, je suis surtout en colère et très triste pour tous ces enfants scolarisés à qui on sacrifie leur enfance. 

Il est grand temps d’ouvrir les yeux sur le fait que l’école a été créée initialement pour fabriquer des ouvriers, asservir les peuples, embrigader les enfants et dénaturer l’enfance si précieuse pour se construire. L’école s’est beaucoup démocratisée après la guerre 39-45 avec la “libération de la femme” qui pouvait du coup faire garder ses enfants pour aller travailler. On a fait de l’école la nouvelle religion qu’on ne doit surtout pas critiquer. Comme on allait à la messe tous les jours, à une époque, écouter le prêtre déblatérer ce que les bonnes âmes devaient penser, les enfants et les étudiants sont depuis environ un siècle contraints d’aller à l’école tous les jours pour écouter ce que le maître leur dit d’apprendre, de croire ou de penser. Il est maintenant acquis, après ce siècle de conditionnement, qu’un enfant ne peut grandir “normalement” et “réussir dans la vie”, “devenir quelqu’un”, s’il ne va pas à l’école, s’il n’apprend pas ce que le Dieu-Etat, via l’Education Nationale, a décidé qu’il devait apprendre. 

Alors laissez moi vous expliquer pourquoi je pense qu’on sacrifie l’enfance des enfants scolarisés : 

– un enfant doit pouvoir dormir autant qu’il le souhaite. Le sommeil est un des processus naturel les plus important pour grandir en bonne santé, physique comme mentale. La plupart des enfants sont tirés du lit dès leur 3 ans trop tôt le matin alors qu’ils n’ont pas fini leur nuit. A l’âge de l’adolescence c’est une plaie pour eux car leur rythme biologique change : ils n’arrivent pas à s’endormir tôt le soir et à se réveiller le matin (même sans écrans 😉 !) ; ça a été démontré, c’est juste naturel, les ados ont tendance à vivre à des horaires décalées, donc leur demander d’être en cours à 8h est un supplice pour eux et pas très productif, même les profs le disent. 

– un enfant a besoin de bouger librement. Plus ils sont petits plus ils ont besoin de courir, de sauter, de grimper. C’est physiologique. Notre corps est fait pour faire de l’exercice physique quotidiennement. Demander à un enfant de 3 ans de rester assis à écouter une histoire ou à faire des coloriages toute la journée alors qu’il a envi de courir est un supplice. 

– un enfant a besoin de jouer. Et ça, c’est peut-être le plus important … Un enfant a besoin et surtout IL APPREND en jouant ! C’est démontré ! C’est prouvé ! Et toutes les familles instruisant à domicile peuvent vous le dire ! Je précise : apprendre par le jeu spontané, initié par l’enfant lui-même. Pas par le jeu contraint imposé par un adulte. Oui, un enfant apprend TOUT par le jeu, c’est son occupation de prédilection. Tout cela est à relier à l’enthousiasme que ça génère, et qui donne envie de poursuivre le jeu, à la LIBERTE d’être, d’explorer, de se tromper, de recommencer, d’expérimenter, de partager ses découvertes. Cette dynamique donne à l’enfant l’envie de vouloir en apprendre toujours plus. On est loin, là, de l’envie de la plupart des enfants scolarisés de fuir l’école et d’être en week-end ou en vacances dès que possible, de leur énergie blasée face à un cours de maths ou de français  … 

L’apprentissage par le jeu concerne les enfants jusqu’à l’adolescence. Ensuite, à l’adolescence et une fois adulte, il est vrai que le jeu est beaucoup moins voire pas présent du tout, mais l’apprentissage par l’enthousiasme et le plaisir reste le seul valable ; il y a une nette différence entre une leçon apprise pour la restituer pour un contrôle et qui sera oubliée juste après et un savoir appris par curiosité, besoin et plaisir qui sera intégré toute sa vie parce que répondant à un réel besoin ou intérêt. 

J’ai une précision à apporter par rapport à cet apprentissage par le jeu et qui fait, là encore, une grosse différence avec l’école : dans ce type d’apprentissage volontaire, initié par l’enfant, auto-géré, l’apprentissage en question se fait TRES rapidement. Un exemple très courant est celui de la lecture. Alors qu’il est laborieux à l’école et s’étend sur plusieurs années, tous les jours, plusieurs heures par jours, en instruction en famille l’apprentissage de la lecture se fait le plus souvent en quelques semaines de temps cumulé. Je peux en témoigner pour mes 2 filles et pour de nombreux enfants autour de moi. La raison à cela est simple : l’enfant apprend quand il est prêt et quand il a plaisir à le faire ; ainsi les nouvelles connaissances sont intégrées facilement, sans forcer quoi que ce soit.  

– un enfant a besoin d’aller à son rythme, que ce soit dans le rythme d’une journée (levé, couché, repas, activités diverses) mais aussi dans son rythme d’apprentissage. Il est courant en instruction en famille de rencontrer des enfants qui savent lire dès 4 ans et d’autres qui n’apprennent à lire qu’à 13 ans, des enfants qui n’ont jamais entendu parler de Pythagore à 17 ans mais qui deviennent de brillants physiciens, etc …  Pourquoi et même comment vouloir que tous les enfants scolarisés sachent lire en CP, dès 6 ans ?! Pourquoi doivent-ils tous savoir compter au même âge ? Et si tôt … Quelle pression sur ces enfants … ! 

– un enfant est nourri par ses propres centres d’intérêts. C’est aberrant pour moi de diffuser le même contenu, les mêmes programmes à tous les enfants de France ! Nous avons chacun des dons innés, des passions qui nous sont propres, des caractères uniques, des sensibilités particulières. Pourquoi un enfant passionné par la musique devrait obligatoirement apprendre la physique ou les maths ou l’histoire ou …  ?! Quel est l’intérêt ?! On me rétorquera sans doute que c’est pour acquérir des bases, pour se débrouiller dans la vie quotidienne ou au cas où il changerait de voie ; à cela je répondrais que les bases s’acquièrent au contact de la vie, tous les enfants apprennent un jour ou l’autre d’eux-mêmes à lire et à compter dès lors qu’ils sont en contact avec le monde ET qu’ils ont besoin de ces compétences.  On me dira aussi que c’est pour leur culture générale ; à cela je répondrais que la culture générale est toute relative et absolument unique et personnelle ; un boulanger et un académicien ont tous les deux une culture générale mais bien différente l’une de l’autre ; ils n’en sont pas moins cultivés l’un que l’autre. 

– un enfant a besoin d’être au contact de la nature. La nature nous ressource, la nature nous régénère, la nature nous apaise, la nature nous soigne. On parle de plus en plus ces dernières années du “trouble ou du syndrome du déficit de nature” pour les enfants mais aussi pour les adultes, ce qui crée des personnes stressées, déprimées, fatiguées, des troubles de l’attention et hyperactivité (et certainement d’autres symptômes qui paraissent sans lien direct avec ce manque de contact avec la nature). Sans parler du manque de soleil et de lumière naturelle, vitale pour notre bien-être et notre santé. Comment est-ce possible de vivre dans des boîtes (maison, voiture, école, salle de sport, supermarché) quasiment 365 jours / an, 5 (voire 7) jours /7 ?!  

En plus de tous ces besoins innés de l’enfant, quelque chose me choque dans ce système scolaire : suis-je la seule à rapprocher le fonctionnement de ces écoles à un univers carcéral ? Les enfants sont des prisonniers en liberté conditionnelle. Tous les matins ils doivent pointer à l’heure sinon ils sont punis. Ils sont enfermés à double tour dans des lieux entourés de hauts grillages (oui, les portails sont fermés à clé ) pour que personne ne s’échappe et sont cloitrés toute la journée dans des cellules / classes où ils doivent rendre des compte et recevoir leur bonne ou mauvaise appréciation, voire leur punition. Les seuls moments où ils peuvent sortir c’est dans une cour en béton aseptisée, sans herbe, sans arbres pour certaines. Ils travaillent plus que des adultes (heures de cours + devoirs), mais sans aucune rémunération. 

Bon sang ! Est-ce normal de traiter des enfants ainsi ?!

Les enfants scolarisés n’ont pas l’enfance qu’ils méritent. Ils n’ont pas l’enfance que la Vie a prévue pour des enfants. Il n’y a plus aucune liberté … 

Les enfants instruits en famille le sont la majorité du temps dans le respect de leur rythme biologique, dans le respect de leur rythme d’apprentissage et dans le respect de leur personnalité unique. Ils passent leur temps à jouer, oui, comme des enfants. Ils passent leur temps à Vivre. Parce que c’est ça la Vie : vivre à son rythme, au contact de la Nature et de sa nature, centré sur sa Joie, dans le mouvement de ce qui se présente à notre coeur au quotidien ; c’est écouter sa propre voix, la seule qui est importante ; c’est ainsi que l’on reste connecté à qui l’on est vraiment et qu’on évite de se perdre en chemin. 

Personne ne sait mieux que nous-mêmes ce qui est important pour nous, c’est ce que les adultes ré-apprennent actuellement dans les stages et thérapies de “développement personnel” … ! Si ces adultes n’étaient pas allés à l’école, sans doute n’auraient-ils pas besoin de ré-apprendre à écouter la voix de leur coeur …. D’ailleurs, vous remarquerez que tous ces besoins que j’ai cités pour les enfants sont valables pour les adultes ; c’est intéressant de voir comment les adultes autrefois scolarisés ont intégré que le mode de fonctionnement qu’ils ont vécu lors de leur scolarité est normal et le reproduisent donc dans leur vie quotidienne et professionnelle d’adulte … 

Vraiment, plus j’y pense et plus j’hallucine sur cette vie qui est pure folie. 

Pour tout ça : LIBERONS LES ENFANTS ! POUR LIBERER LES ADULTES … 

Repensons tout notre mode de vie pour nous débarrasser de l’école telle qu’on la connait aujourd’hui. 

 

                                            


Si vous souhaitez des références de lecture sur ces sujets, demandez-moi.

Je souhaite aussi préciser que cet état des lieux du système scolaire versus l’instruction en famille / la vie sans école n’est pas exagéré ou caricaturé, mais qu’il existe évidemment de très belles et trop rares initiatives dans le milieu scolaire, de très belles personnes / professeurs, qui essaient de faire bouger les choses et d’accompagner de façon sensible et intelligente (l’intelligence du coeur) leurs élèves ; et qu’à l’inverse il existe des familles qui font “l’école à la maison”  … comme à l’école ….

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